Les étapes de la vie de...Simone Le Moigne

1911

Simone Le Moigne à 10 ans

«Je suis née au village de Magoar, Trégornan en Glomel (Côtes d'Armor). Mon père et ma mère étaient fermiers dans ce village qui avait une superficie de 50 ha de terre. Je vis le jour le 3 juin 1911. Je ne fus pas une enfant gâtée car 17 mois après moi naissaient des jumelles, Anna et Antoinette. Ma soeur aînée, Jeanne avait deux ans et trois mois de plus que moi.» 1

1917/1925

«A six ans on devenait pensionnaire. On était en tout vingt cinq, parfois trente. Heureusement notre école de pension ne se trouvait qu'à deux kilomètres de notre ferme, dans le bourg.» 2

Après l'obtention de son Certificat d'Etudes Primaires, Simone rentre à la maison pour travailler à la ferme de ses parents.

1925/1935

La rentrée des chevaux

«Tonton Matheline commençait à prendre de l'âge, tandis que moi je prenais des forces. Je pouvais rouler la brouette, couper la paille et le foin, soigner les chevaux, les sortir pour boire de l'eau lorsqu'ils n'étaient pas dans le labour. J'aimais beaucoup m'occuper de cela, je me mettais assise sur la petite Follette, même sans la bride je pouvais me confier à elle». 3

Cour de ferme

En grandissant, Simone participe à tous les travaux de la ferme, s'imprègne de la vie rurale de l'époque qui sera plus tard sa principale source d'inspiration en peinture.

1935

18 septembre, mariage avec Guillaume Le Bris, sabotier. Simone quitte la ferme familiale pour vivre avec son mari à Kerchelin près de Saint-Lubin (22) dans une hutte de sabotier. Elle s'initie au métier, creuse les sabots, et surtout les décore. (Le geste qu'elle accomplit en les gravant se retrouvera dans sa façon de peindre, notamment les nuages, les arbres).

Première demeure après mon mariage

1936

Naissance du premier enfant, Anne, au village de Magoar.

1936/1938

Construction d'une maison au bourg de Trégornan. Pour la financer, les époux le Bris partent en Beauce, avec leur bébé, pour travailler «à tâche» et selon la saison, binent les betteraves, font la moisson, en hiver se font embaucher en «maison bourgeoise».

1939/1945

Le couple s'installe à son compte dans leur nouvelle maison. Guillaume, en tant que sabotier se mécanise. Simone crée un petit «bazar " en plus du commerce des sabots. Et c'est la guerre, la mobilisation, la débâcle et le retour de Guillaume dans ses foyers où il reprend son métier de sabotier. D'août 1944 à Mai 1945, Simone dirige seule l'atelier de sabots, par suite de l'engagement de son mari dans les Transports Américains.

1946

Naissance du deuxième enfant, Simon, à Trégornan.

1948

Le commerce des sabots commence à décliner.

1950 - 1955

Lancement d'un élevage de poulets, qui se solde par un échec du fait d'une maladie contagieuse qui décime tout l'élevage. Il s'ensuit une période très précaire, noire, avec de grosses difficultés matérielles.

1956 - 1962

Le couple décide de retourner dans la région parisienne. Guillaume travaille comme chauffeur de maître, Simone est cuisinière chez un Amiral. Une boîte de peinture récupérée dans une poubelle de la maison lui donne l'envie de peindre. Sans pinceau, avec ses doigts , une aiguille à tricoter, une épingle à cheveux, elle ébauche ses premières peintures sur des supports de fortune.

1962 - 1968

Installation des époux à Rezé dans la région nantaise. Période très instable et très dure. Simone travaille comme femme de ménage, fabrique des gâteaux que son mari dépose dans les épiceries. Elle peint en cachette ses trois premières grandes gouaches : Le four ancien, Cueillette des pommes, Noce bretonne, ar Friko (50x65).

1968 - Mai

Les époux se séparent. Simone Le Moigne va séjourner quelque temps chez ses enfants à Nantes, puis s'engage comme cuisinière pour 3 mois chez des particuliers à Agay sur la côte d'Azur. Elle peint pendant ses moments de loisirs. A son retour elle travaille encore à Nantes, jusqu'à la fin de l'année.

1969

Janvier, ennuis de santé, opération chirurgicale. Octobre, armée de son courage et de son talent, qu'elle ignore encore, elle repart à Paris travailler comme cuisinière. Désormais, tous ses moments de repos sont consacrés à peindre des souvenirs de son enfance et de sa jeunesse en Bretagne

1971

Simone est très fatiguée. Sur les conseils de sa dernière patronne, Madame Lavat, qui a vu ses premières oeuvres, elle se retire chez son fils Simon à Saint-Brieuc, 10 rue Zénaïde Fleuriot, dans une maison avec jardin. Désormais libérée, elle s'adonne complètement à sa passion de peindre,

Breiz Gwechal

«Je baigne parmi mes tableaux des images de notre bon temps, passé hélas ! mais qui est resté gravé dans nos mémoires. Pour moi c'est avec un réel plaisir que je m'amuse à les faire revivre sur toile. Je viens d'en finir un auquel je rêvais depuis longtemps de le voir en image. Une fois terminé, il ressemble plutôt à un conte de fée : c'est moi donnant sa ration de lait à un agneau. Le repas de bouillie est terminé, il est grand comme la grande veillée et je viens de finir mon deuxième grand, je crois toujours que c'est le plus beau le dernier, c'est un beau paysage avec dolmen et menhir, il est très fantastique, c'est une gouache.» 4

1972 - 1974

Premier pas «officiel» dans la «vie d'artiste» (cf. Itinéraire).Nouveau déménagement, elle quitte à regret son joli jardin pour un appartement 16 rue Zénaïde Fleuriot

1975 - 1980

Au début de l'année 1975, Simone Le Moigne vient habiter Saint-Herblain, 4 rue de la Mayenne. Deux mois plus tard, gros problème de santé nécessitant une grave opération chirurgicale, suivie d'une seconde intervention quatre mois plus tard. Dès sa remise sur pied, elle peint de nouveau sans relâche, son appartement est «tapissé» de tableaux.

«Je voudrais mourir en peignant, mais en peignant gai et je ne voudrais pas mourir avant d'avoir peint tout ce que j'ai dans ma tête.» (5)

1981

Le village de Preux

Nouveau déménagement dans Saint-Herblain, à Preux, un nouveau quartier, calme et à l'environnement convivial. Elle occupe un premier étage avec terrasse au 17 Allée Pablo Picasso ! Simone Le Moigne s'y sent bien. L'architecture originale de sa rue l'inspire. Elle peint pour la première et unique fois sur le motif.

«des maisons comme ça c'était rigolo. Je n'en avais jamais vu, même à Paris. Alors j'ai dit à l'architecte : Vous m'excuserez si j'ai fait plus de balcons et de terrasses que vous! et j'ai complété avec les fleurs aussi, c'est plus joli et plus gai!». 6

C'est là que Simone Le Moigne réalisera la plus grande partie de son oeuvre, des plus petites gouaches sur le thème des jeux, à la grande «fresque» de l'histoire du pain en passant par tous les tableaux concernant la vie rurale du début du XXème siècle et la série des toiles d'inspiration religieuse.

2000 - 2001

Le 28 décembre, Simone Le Moigne, est victime d'un accident vasculaire cérébral. Elle nous quittera pour «l'Autre Monde» le 10 avril 2001 dans sa 90 ème année.

Elle repose au cimetière de l'Orvasserie à Saint-Herblain.

(1) (2) (3) Souvenirs de mon enfance (manuscrit de S.le Moigne).

(4) Lettre à ses enfants. 1971.

(5) La peinture naïve en France, M.C. Hugonot. Ed.Sous le Vent. 1981.

(6) Preux, Quartier et architecture, Mémoire de Maîtrise de Sociologie, M.Lanoé Corbin Université de Nantes. 1989.